Témoignages

Témoignage 11/04/10

A 21 ans, me voilà partie un jour de mai pour mon rendez-vous annuel chez le Gygy, petite auscultation, petit frottis et hop le tour est joué je m'en vais retrouver mes amis en lui disant à l'année prochaine, pensant que le frottis serait forcément sans soucis.

Quinze jours plus tard réception des résultats et voici les mots qui me sautent aux yeux : " Dysplasie, lésions, haut grade et tumeur " Pardon ?? Mais qu'est-ce que c'est ce charabia ?? Allo gygy, il y a un souci ?! Ma gygy me confirme qu'il y a un petit souci mais sans trop d'inquiétude elle me prescrit quelques lasers à faire. Me voilà donc partie pour l'hôpital, rendez-vous avec LE gygy, oups ! Un homme pour faire ça ? haaaaaaaaaa il y a-t-il un trou de souris par-là ? S.O.S. ! Mais non, allez zou courage ! De toute façon ce n'est que son métier et vue son âge il a dû en voir une belle brochette alors une de plus une de moins ... Nous voilà donc dans la salle de laser la séance se passe sans problème, il m'explique que le papillomavirus est contracté par toutes les femmes à leur premier rapport mais que beaucoup l'élimine naturellement, il s'agit aussi d'une MST et me parle des différentes étapes d'évolution (tumeur, cancer du col de l'utérus). Une MST, comment est-ce possible quand on a qu'un seul partenaire depuis quelques années ? Petite explication avec le partenaire en question, Mr fidèle & sans reproche, belle-maman dans la partie qui confirme que ça peut aussi s'attraper par des toilettes pas très propres. Dans le doute, l'absurdité de l'amour & de la jeunesse : j'y crois.

Après les lasers je contacte ma Gygy qui me dit d'attendre la cicatrisation avant de faire un contrôle 6 mois après. Mais 2 mois plus tard je reprends rendez-vous car je sens que quelque chose ne va pas, une petite intuition féminine sûrement...Rendez-vous en septembre : RE-frottis et là RE-problème Mme la tumeur est toujours là ! La gygy prend conscience d'un coup que le traitement n'était peut-être pas adapté... Alors là bien sur j'ai dit "au revoir Gygy tu es le maillon faible !" Je me suis donc tournée vers Le gygy qui m'avait fait les lasers, j'obtiens un rendez-vous pour Noël. Commence alors la cascade de biopsies et colposcopies en pleine période des fêtes de fin d'année. Les fêtes se passent dans la joie et bonne humeur car quoi qui se passe le sourire reste le maître mot ! Puis janvier arrive et les résultats tombent : les lasers n'ont pas brûlé la tumeur à la racine, du coup Mme a continuée de s'installer bien tranquillement et a doublé de volume. Verdict : "Conisation immédiate Mademoiselle" & Bonne Année bien sur ! No Soucy No panique je suis la plus forte & bien entourée alors ce n’est pas une ptite conisation qui va me faire peur ! Mais au fait, Mr Gygy c'est quoi une conisation ?? Parce que des mots savants il y en a tellement dans ces moments-là qu'on a l'impression de ne plus savoir parler français ! Il m'explique alors qu'il s'agit d'une intervention durant laquelle il découpe au laser la tumeur avec précision, petit affolement : "est-il toujours possible d'avoir un enfant après cette opération ?" Mr Gygy me rassure : c'est une méthode au laser mise au point depuis quelques années qui permet de préserver le don que l'on a de mettre au monde une vie. OUFFF ! Me voilà donc armée pour affronter cette opération bien entourée.

En avril : Arrivé à l’hôpital, la chambre si froide, je me souviens encore du froid du bloc opératoire si froid aussi, les pieds en l’air, trois docteurs face à moi… puis le réveil dans les choux, dans ma chambre mes parents à mes côtés, le connard qui me servait de mec, puis la visite d’une amie en stage à l’hôpital qui m’a réchauffé le cœur, et leur présence m’a recentré sur la vie et pas l’épreuve de l’instant… Bon j’avoue j’étais pas super fière quand j’ai dû demander le haricot pour faire pipi à ma cops mais bon j’étais plus à ça près, ahah. Finalement : Ma conisation s'est bien passée ! S'en suit une petite semaine pour se rétablir entourée des meilleurs : Maman, Papa, les zamis, de belles fleurs et du chocolat !!!

Aujourd'hui nous sommes en 2010 et je suis en pleine forme, je fais des frottis réguliers pour surveiller, car même si la bataille est gagnée il ne faut pas oublier que Mr le cancer peut débarquer.

Alors même si vous aimez l'homme qui partage votre lit et que vous êtes sur de vous ne négligez pas les éventuelles probabilités de dérapage de Mr qui peuvent en plus de vous faire mal au cœur, vous détruire la santé ! Restez vigilantes, respectez et protégez votre corps et votre vie ! Faites vos frottis régulièrement pour éviter de vivre ces moments-là qui ne sont pas toujours facile à affronter et passez le mot à vos amis, vos proches et vos enfants. 

Quant à vous Messieurs, je ne jugerai pas les dérapages éventuels mais pensez aux MST et protégez-vous !!!

 

***

 

11 après !

 Me revoilà, nous sommes en 2021 et je viens vous donner des nouvelles.

Depuis 2010 je me suis faite suivre régulièrement. J'ai refait des rechutes avec traitement laser, puis une rechute plus grave, où ma gygy me disait que médicalement parlant il fallait coniser (encore) mais me conseille aussi en me disant que si j'étais sa fille en mettant de côté ce qui est médicalement imposé : avant de coniser et fragiliser le col encore une fois, il faudrait essayer les lasers, et si ça ne marche pas alors on conisera, avec le risque qu'entretemps ça se développe. Je décide alors de tester les lasers pour préserver mon col, je signe une décharge car ce n'est pas ce qui est préconisé par l'hôpital. Et... ça marche ! Après ça j'ai repris le rythme régulier de frottis, test HPV, laser qui s'alternent aux fils des années. 

Entre tout ça j'ai quand même mis au monde deux magnifiques enfants ! J’ai défié la science, là où certains voyaient des accouchements préma j’ai dû déclencher ! Bon je me suis donné du mal : douleurs et alitée vue des fragilités de mon col, durant cette période j'ai appris la patience, le contrôle de soi, car rien n'est plus important que la vie que je porte !

En 2018, Bim ! encore un frottis anormal, puis une colposcopie qui se résulte peu claire avec des traces pré-cancéreuses mais non définies clairement, ma gygy m'envoie alors à l'hôpital pour une opération jusque-là jamais faite : une hystéroscopie.

"L'hystéroscopie diagnostique est une méthode d'exploration du canal endocervical et de la cavité utérine qui consiste à introduire un appareil appelé hystéroscope par l'orifice du col de l'utérus. L’hystéroscopie permet au médecin de visualiser précisément l’intérieur de la cavité utérine et d’y détecter d’éventuelles anomalies. Il proposera des traitements appropriés en fonction de ce qu’il observera. En cas de prélèvements, il aura à analyser les tissus avant de pouvoir établir un diagnostic et proposer un traitement."

Bref, une opération sous anesthésie générale, qui se fait en un jour. Oui mais depuis des années, malgré le fait que cette "merde" m'impose des situations, je ne veux pas que ma vie tourne autour, et puis je ne veux pas faire subir "ça" à mes enfants. Le jour du RDV avec le gynécologue qui doit m'opérer, il m'explique le déroulement, puis il me dit « je vous sens contrariée », je lui explique que l'intervention ne me dérange pas mais l'anesthésie va me bloquer une journée entière et paralyser ma vie de famille chose que je ne veux pas, je veux mener et ramener mon fils ainé à l'école et m'occuper de mon bébé, de ce fait j'aimerais un rdv adapté. Le gynéco un peu abasourdit me prévient que c'est douloureux car il doit introduire, prélever puis bouger beaucoup car il ne sait pas exactement où chercher dans l'utérus, cela étant il m'informe qu'il est possible d'envisager l'opération sans anesthésie. Il n’a pas eu besoin de le répéter, j'ai sauté sur cette option ! Ce qui du coup m'a permis d'avoir un RDV plus vite car pas besoin d'attendre qu'une chambre se libère.

Le jour J venu, mon grand à l'école, mon bébé avec sa mamie pour 2h, moi solo car Mr travaille, je file à l'hôpital comme on va au supermarché. Puis sur la route, la pression monte mais en même temps je suis tellement déterminée à vite rentrer que je me languis d'y être. Et puis j'y suis, nous sommes en avril 2018 et mes talons foulent le même couloir que celui emprunté  en avril 2007 pour ma conisation, je prends place sur un banc d'attente, devant la porte du bloc. On vient me chercher, et là on me met dans un WC pour me changer, on m'explique qu'évidemment les patients sont habituellement prés en chambre donc ils n'ont pas d'autre endroit à me proposer. J'enfile alors la charlotte, la blouse et les chaussons entre WC et lavabo, puis l'infirmière vient me chercher pour le bloc, je pense que j'ai réalisé à ce moment-là ma décision en voyant à travers les parois vitrées des blocs les autres patients endormis, j'ai donc foncé tête baissée dans mon box, j'ai pris place sur la table. Trois infirmières et le gygy pour s'occuper de moi, l'opération commence, l'une d'elle me répète de lui donner la main pour supporter la douleur mais non je ne veux pas, « I’M WARRIOR », elle me propose des exercices de respiration mais non je connais mon corps, je connais comment il gère la douleur et chez moi quand je respire je ressens tout, alors que quand je bloque ma respiration c'est comme si je verrouillais ce que je ressens, comme si je déployais un bouclier. Alors je bloque ! Je le sens, je souffre, j'en chie mais je tiens ! Et j'ai en direct l'avis du docteur qui ne voit rien avec sa caméra qui soit alarmant, il fait toute fois un prélèvement pas acquis de conscience. Le calvaire s'achève enfin ! Les infirmières me félicitent et m'aident à me lever, puis me laisser respirer un peu avant de me ramener à mon vestiaire de fortune. Je me rhabille, je pars en foulant le sol aussi vite qu'en arrivant puis en quelques minutes mon corps me rappellent quand même ce qu'il vient de se passer et les contractions se réveillent, des douleurs fortes que je dompte en me disant qu'en arrivant je retrouve mes enfants, en me répétant que j'ai réussi à éviter l'anesthésie ! Je conduis je rentre et la délivrance : mes enfants dans mes bras 2h après être partie...

 Moralité : c'est passé inaperçu pour le rythme de la famille, pour mes enfants... Et c'est bien là ma récompense de ces douleurs. Quelques jours après réception des résultats :  tout est ok ! Depuis je fais des frottis réguliers et rien d'anormal en vue pour le moment !!

Alors si je devais vous donner un nouveau conseil après ces dix dernières années, c'est de ne pas flancher, ne pas plier sous la panique, ne pas s'affoler, et se dire qu'il y a ce que la vie nous impose et ce qu'on en fait ! N’ayez pas peur de discuter avec les docteurs, plus ou moins à l’écoute j’avoue, mais osez ! Parfois les choix sont réduits, parfois plus nombreux, mais là où certains verront une simple lubie du contrôle moi qui le vit je peux vous assurer que ce n'est qu'une volonté féroce de faire en sorte que la vie passe avant le papillomavirus sans pour autant le négliger.

Prenez soin de vous ! Ne baissez pas les bras ! 

 

PS : Je profite ici de ce témoignage pour remercier mes parents, mes amies devenues famille, les filles de l'assos avec qui des liens se sont tissés, je vous remercie pour votre soutien sans faille, pour vos mots de motivation et de bienvaillance à chacun de ces moments qui m'ont toujours motivé sans que j'ai ce sentiment d'être une "peuchère", MERCI d'être là, d'être vous.